Friday, November 14, 2008

Life is Life (Editorial du Libre Arverne n°290 - 08/05/2008)



Le 19 avril, notre petite septième, Bérangère, faisait son apparition. J’avais déjà donné dans l’éditorial du n°90 le récit de ma vision de Tradiland telle que je l’aurais filmé avec en musique la 5e symphonie Hymne à la Joie de Beethoven. Cette fois-ci, changeons de registre musical. C’est avec comme fond sonore Life is Life dans la version du groupe slovène Leibach que je vais, mon enfant, t’indiquer ce qu’est le combat de la vie, tel qu’il est inscrit dans nos gênes, donc dans les tiens. Bérangère, ma « bébé », dès tes premiers instants de petit être vagissant, tu étais déjà riche de l’héritage de tout un peuple et de toute une culture, d’une civilisation, d’une mémoire. Dans tes veines coule le sang des enfants de Japhet, toi fille des forêts qui aura, comme tes sœurs, les cheveux blonds et les yeux bleus comme un défi au monde. Tu as ouvert tes petits yeux pour la première fois sur le monde qui t’entoure, tu as vu la vie. Life is life (la vie c’est la vie). Dans ton petit berceau à la maternité, les frères et sœurs sont venus te voir. Assise sur son lit, Maman lisait Platon et Papa, Soljenitsyne, prêts à transmettre la flamme qu’ils ont reçu ou découvert.

Tu n’auras pas assez d’une vie pour apprécier la diversité de l’espace vital que Dieu a confié à ton peuple, pour voir bondir la biche dans nos forêts tutélaires, voler les mouettes sur les rives de la Manche, danser les épis de blés de la Beauce sous le vent d’été, admirer la majesté du Mont Blanc ou du Puy de Dôme, chaque trésor de nos provinces… Tu n’auras pas assez d’une vie pour voir toutes les merveilles que tes ancêtres ont conçu, du Mont-Saint-Michel aux remparts de Carcassonne, nos centaines de cathédrales, nos milliers de châteaux, mais aussi les livres et les tableaux, les objets d’arts et les poèmes, les statues et les vitraux… Ton héritage dépasse tout ce que tu peux imaginer, il est infini et éternel. Personne ne pourra te voler Ronsard et Racine, Le Nôtre et Vauban, Brasillach et Raspail, Bouguereau et Girardon, Berlioz et Debussy… Tu as non seulement tout un pays mais tout un continent dans ton berceau : Mozart, Shakespeare, Bach, Soljenitsyne, Rembrandt, de Vinci, Platon, Socrate, Tolstoï, Andersen, Vivaldi, Caton, Pline… Life is Life.

Tu tomberas bien des fois avant de coordonner tes jambes, mais tu te dresseras et marcheras. Tu te saliras au début avant de rendre habiles tes mains, mais tu délieras tes doigts et mangera seule. Tu pleureras de rage sur tes cahiers d’écolière, mais tu disciplineras ton cerveau et tu raisonneras. Devenue fillette en blouse bleu ciel, tu écouteras ta maman qui t’apprendra la pureté du corps et la pureté de l’âme, la pureté de l’environnement et celle de la nourriture ; tu écouteras ton papa t’apprendre la grande geste des hommes, des idées et des nations, te transmettre le livre des morts qui est toute la mémoire des tiens, t’inculquer la rage de vaincre qui fait que, même couverte de crachats et le visage en sang, tu te relèveras digne et fière et dira à l’ennemi : « jamais tu ne me vaincras car les valeurs que j’incarne sont éternelles et indestructibles ! » Life is life.

Tu vois de tes petits yeux bleus tes frères aînés jouant à la guerre avec leurs épées. Le monde étant ce qu’il est, l’avenir les verra peut-être, le fusil-mitrailleur en bandoulière, marcher au pas au son des fifres et des tambours pour reprendre la terre de leurs ancêtres qui leur a été volée. Tel sera leur destin si Dieu le veut ainsi. Pour fortifier les moissons, il est nécessaire hélas parfois de féconder la terre de sang. Mais la guerre n’est ni une fin, ni la fin : les immeubles en ruines sont toujours reconstruits, le blé repousse toujours sur la terre brûlée par la lave, l’arbre dépouillé de ses feuilles mortes en récupère de nouvelles le printemps suivant, car malgré tout la vie trouve toujours son chemin comme l’indique la double symbolique de la roue solaire. Life is life.

Un jour, quand Papa ne sera plus pour toi l’absolu masculin et que tu auras définitivement rangé au placard ton uniforme de pensionnat, la petite tourterelle commencera à s’envoler hors du nid. Un garçon de notre sang te remarquera sur les bancs de l’église, à un pèlerinage, à une conférence ou tout simplement parce que tu as été en classe ou chez les guides avec sa sœur et tu deviendras l’étoile qui brillera au firmament de ses rêves. Tu seras pour lui son incarnation de l’élite féminine. Et quand dans les vertes prairies du printemps, à l’ombre des tilleuls il mettra dans tes cheveux la couronne de marguerite qui signifiera qu’il te désigne comme l’élue comme ton père fit à ta mère autrefois, tu accepteras de devenir sa promise. Life is Life.

Ta robe blanche de mariée sur le parvis de l’église sera le symbole de la création d’une nouvelle famille, bourgeon de la précédente arrivée à maturité. Mois après mois ton ventre s’arrondira, portant le germe d’une nouvelle vie, et à la maternité, ton époux à côté de toi, tu donneras à ton tour naissance à un nouveau petit être. Son papa coupera le cordon et tu prendras bébé dans les bras, commençant à lui transmettre à ton tour ce que tu as reçu, perpétuant le cycle éternel de la vie. Life is Life. Fière de ta foi, fière de ton sang, fière d’avoir donné la vie, fière de reprendre la flamme, tu seras une femme ma fille !