Thursday, January 11, 2007

Trente ans après (Editorial du Libre Arverne n°211 - 02/11/2006)


Il y a trente ans, mon père – déjà supporter de l’Olympique de Marseille, nobody’s perfect – m’offrait l’album Panini de la saison 1976-77. Ce n’est pas sans émotion que j’en parcours aujourd’hui ses pages, usées par les ans, sa couverture jaune maintes fois rafistolée. Bien des années ont passé, bien des albums Panini ont emplis mes tiroirs, mais on n’oublie jamais son premier album. 1976, cela paraît le bout du monde, une autre époque. Que de questions un enfant peut se poser en consultant un simple album de vignettes de footballeurs à coller. Tout d’abord, à l’époque, chaque club de première division était représenté par une vignette avec l’année de création du club, ses couleurs et surtout le blason de sa ville, certains d’une simplicité extrême (Marseille, Lille, Metz, Laval), d’autres élaborés (Bordeaux, Nancy, Nantes, Saint-Etienne). Idée saugrenue aujourd’hui avec l’émergence de ces équipes de mercenaires, gladiateurs déracinés, ne représentant plus que des intérêts financiers chaque jours plus importants. Je découvrais des villes dont j’ignorais l’existence comme Hazebrouck, Tavaux, Gueugnon, Lucé ou Noeux-les-Mines. Les sponsors des clubs avaient encore un côté France profonde : les maisons Merlin pour Bordeaux, les camemberts Président pour Laval, la manufacture Manufrance pour Saint-Etienne, les couches Peaudouce pour Lille, les assurances UAP pour Reims, les Papeteries Gaspard pour Valenciennes, les chaussettes Kindy pour Troyes, les réglisses Zan pour Nîmes et bien sûr, Peugeot pour Sochaux, Europe 1 pour Lens et Nantes, RMC pour Monaco et RTL pour le PSG…

Les équipes avaient des joueurs qui ressemblaient à des gens de tous les jours et non à des bœufs chargés de produits dopants. Les gens étaient plus petits aussi. Avec son « petit » 1,76 m, Jérémie Janot est le plus petit gardien de Ligue 1 en 2006. En 1976, six gardiens étaient plus petit ou de sa taille : Migeon et Charrier (Marseille), Moutier (Nancy), Desrousseaux (Nantes), Arblay (Troyes) et Delachet (Valenciennes). Les lieux de naissance fleuraient plus le terroir que l’exotisme obligatoire. Et justement, parce qu’il était rare, l’exotisme apportait un plus et suscitait une certaine sympathie. Un Souleymane Camara à Laval ou un Moussa Traoré à Troyes suscitait autant la curiosité qu’un Willy Sagnol en équipe de France actuellement. Bordeaux, Lens, Lille, Lyon, Metz, Nancy, Nantes, Reims et Sochaux ne comptaient pas un joueur de couleur dans leurs rangs ; on en comptait un seul à Angers, Laval, Marseille, Rennes, Saint-Etienne et Valenciennes ; 2 à Bastia, Nice et Nîmes ; 3 à Troyes et 4 au PSG. Par contre, une chose m’interpellait. Pourquoi des joueurs français étaient nés en Algérie alors qu’ils n’étaient pas Maghrébins, ces Christian Lopez (Saint-Etienne), Georges Martinez (Troyes), Jean-Louis Samuel (Nîmes) et autres Robert Buigues (Bordeaux) ? J’allais apprendre que ces joueurs étaient ce qu’on appelait des « Pieds Noirs » et qu’on les avait chassé de l’endroit où ils étaient nés. 3 joueurs d’Angers nés en Anjou, 6 Bastiais nés en Corse, 7 joueurs de Bordeaux nés en Guyenne, 4 joueurs de Lens nés dans l’Artois…Même Saint-Etienne a avec Gérard Farison son « régional de l’étape ». Seul Laval n’a pas de joueurs mayennais dans son effectif.

Sur les 20 clubs de l’époque, 14 sont encore en Ligue 1 (Bordeaux, Lens, Lille, Lyon, Marseille, Nancy, Nantes, Nice, Paris Saint-Germain, Rennes, Saint-Etienne, Sochaux, Troyes et Valenciennes – revenue des profondeurs de la 4e division-), 3 en Ligue 2 (Bastia, Metz et Reims) et 3 en National (Angers, Laval et Nîmes). A l’époque, deux de nos actuels clubs de Ligue 1 évoluaient en division 3 : Le Mans et Sedan. Sur les 36 clubs de division 2, 4 sont en Ligue 1 (Auxerre, Lorient, Monaco, Toulouse), 7 sont en Ligue 2 (Amiens, Brest, Caen, Châteauroux, Gueugnon, Strasbourg et Tours), 6 sont en National (Boulogne, Cannes, Martigues, Paris FC, Sète et Toulon), les autres évoluant dans les championnats amateurs (Gazelec Ajaccio, Arles, Besançon, Dunkerque, Epinal et le Red Star en CFA, Saint-Dié en CFA2, Angoulême, Avignon, Béziers, Bourges, Chaumont, Fontainebleau, Hazebrouck, Lucé, Noeux-les-Mines, Quimper et Tavaux en division d’Honneur et en dessous). Quand on compare les nations représentées par des internationaux, on remarque également la fin d’une époque : énormément d’internationaux yougoslaves, trois internationaux luxembourgeois (pays dont maintenant les internationaux ne seraient même pas titulaires en National…) et, lors de la période faste des années 80, le championnat de France eut même des internationaux anglais, allemands ou danois de premier plan ! En 2006, guère d’internationaux de nations-phares du football à part Lyon : des troisièmes couteaux des grands pays ou des grands joueurs de pays de troisième zone (nations africaines généralement ou petites nations d’Europe centrale)

On y voyait aussi la baisse de natalité en France. Sur les 19 entraîneurs de division 1 (la situation familiale de Vincent, l’entraîneur de Nantes, n’est pas mentionnée), un n’a pas d’enfant (Vasovic (PSG)), 6 ont un enfant (Mignot (Angers), Sowinski (Lens), Huart (Metz), Redin (Nancy), Firoud (Nîmes), Herbin (Saint-Etienne)), 9 ont deux enfants (Cahuzac (Bastia), Menaut (Bordeaux), Peyroche (Lille), Jacquet (Lyon), Markovic (Nice), Flamion (Reims), Dubaële (Rennes), Barret (Sochaux), Destrumelle (Valenciennes)), 1 a trois enfants (Cédolin (Troyes)) et 2 ont quatre enfants (Le Milinaire (Laval), Arribas (Marseille)), soit un indice de fécondité de 1,84. Si on retire les entraîneurs étrangers, cela tombe à 1,53… L’album 2006-2007 devrait sortir au mois de janvier. De quoi poursuivre l’étude sociologique sur l’évolution de la France par comparaison des sponsors, de la répartition ethnique des équipes et de la comparaison entre le lieu de naissance et l’équipe nationale où le joueur est sélectionné. Nous donnons rendez-vous à nos lecteurs à la rubrique « culture » du n°231…

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3 Comments:

Anonymous Anonymous said...

Salut kamarade. Après m'être fait censurer chez la plateforme d'Over-Blog, je rejoint les blogeurs de blogspot.

Ma nouvelle adresse: http://legrif.blogspot.com/

A bientôt

Salutations nationalistes

2:37 PM  
Anonymous Anonymous said...

A la lecture de cet article je m'apperçois que je suis supporter du PSG depuis ...30 ans

( Fersan,grand soutien de l'ASSE devant l'Eternel, avec qui j'ai échangé nombre de vignettes Panini autrefois n'a pas pu me convertir )

Semper Fidelis

8:45 AM  
Blogger Enzo said...

This comment has been removed by the author.

4:32 AM  

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