Sunday, August 13, 2006

Perruques en peau de fesse (Une des Lettres Fersanes n°37 - avril 2004)


Dans le vieil argot de Paname, qui se meurt au fil de la submersion ethnique (ce n’est plus Belleville mais Bab-El-Ville, plus Ménilmontant mais Meng-Il-Moon-Than), on disait d’une personne déficiente en capillarité qu’elle avait « une perruque en peau de fesse ». Il existe en France une confrérie de jeunes hommes qui se rasent délibérément la tête car ils savent que les poux transmettent le typhus et que la désinfection au Zyklon B nécessite la plus extrême prudence. Pour le commun des mortels, ils portent un nom anglo-saxon Skinheads. Ça fait peur au bourgeois et ça claque comme un coup de fouet. Les puristes préfèreront le terme Bonehead. Chacun sait que les skins sont des vilains, des affreux méchants : ils torturent les poissons rouges, ils mangent les petits enfants maghrébins sur un canapé de brocolis, ils supportent le Paris-Saint-Germain (là, effectivement, c’est impardonnable…) et pire que tout, lisent des livres interdits. La quintessence des fantasmes, clichés, absurdités, sornettes, coquecigrues sur le sujet est condensée dans l’opuscule Skinhead, de l’inénarrable Roger Martin, tellement mauvais qu’il est obligé d’en faire don aux bibliothèques pour écouler le stock… En Allemagne, pays de l’ethno-masochisme, une certaine Franziska Tenner leur a consacré une œuvre de propagande appelée No Exit. La tentative de Tenner est pour le moins comique : elle dit « il faut établir un dialogue, leur montrer qu’ils se trompent, car ils tissent lentement des réseaux sur lesquels les partis d’extrême droite peuvent s’appuyer ». Je vois bien cette grosse bourge dégoulinante de fric et vivant dans des quartiers sur-protégés aller expliquer à ces jeunes travailleurs qui vivent de leurs mains et non pas de subventions gouvernementales et régionales voire du somptueux système de chômage des intermittents, souvent ayant été victimes du racisme, qu’elle a mieux compris la vie qu’eux … Il serait temps de cesser de ressasser, y compris dans nos milieux, les habituelles peurs paranoïaques sur ces p’tits gars au look certes fort peu conventionnel mais où est la convention de nos jours ? Je les préfère encore avec le crâne rasé plutôt qu’avec des dreadlocks… Aux docks martins, je préfère les Westons. Je suis plus costard-cravate que bomber (même si la « tenue d’été du HdF en conférence », est chaussures noires, chaussettes noires, pantalon noir, chemisette noire, cravate noire… ben oui je suis fasciste…). Je déteste la bière. Pourtant, la discussion avec nos jeunes « têtes de peau » est loin de me déplaire. Tout d’abord, j’ai connu plusieurs cas d’anciens skinheads qui se sont convertis sur le plan religieux, et pas précisément dans la secte conciliaire. C’est déjà un aspect positif. Bien sûr, il y a peu de chance de les voir épouser une délicieuse petite du MJCF, mais ils ont de fortes chances d’épouser une convertie comme eux et tout ça fera d’excellents tradis, un peu à la traîne dans l’instruction religieuse mais ayant l’avantage de venir du camp d’en face, celui du monde, et donc d’apporter des informations indispensables à la constitution de l’ordre de bataille (j’en sais quelque chose, j’en viens…). C’est à nous, les conversados, d’aller voir ces jeunes. De les encadrer pour qu’ils ne fassent pas de bêtises (le sort de Michel Lajoye a d’ailleurs calmé bien des vocations de pistoleros…), de les former intellectuellement et spirituellement. Qui a dit : en faire nos SA ? Je ne l’ai pas dit ! Quoique… Puisqu’on parle de SA, tournée de schnaps pour tout le monde. Du schnaps, de la vodka, mais jamais de Röhm… Je n’aime pas jouer avec les longs couteaux et je déteste les purges…

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