Dix ans après, le mythe errant (Une des Lettres Fersanes n°59 - février 2006)
Il y a dix ans, Mitterrand passait l’arme à gauche. Les mauvaises langues prétendront que c’est bien la première fois qu’il y ira. Puisque chacun, de Delanoë à Le Pen, de Konopnicki à Pierre Bergé, y est allé de sa petite commémoration, je vais moi aussi tenter de faire mon hagiographie de Mitterrand. Tout est dans la naissance : né sous le signe du scorpion à Jarnac. Cela ne s’invente pas. Jarnac, pour l’ensemble de son œuvre. Car Mitterrand est une arnaque à lui tout seul, un vieux meuble IIIe République auquel un antiquaire véreux aurait rajouté des pieds Vichy et un tiroir Résistance. Janus à deux faces, franc comme un billet de Monopoly, il conciliait une jeunesse extrêmement de droite avec une carrière politique gauchement socialiste. Qui était le vrai Mitterrand ? Quand était-il sincère ? Sa vie n’a-t-elle été qu’une grande partie de poker menteur ? Mitterrand, c’est le scorpion. Un scorpion (j’en suis), c’est rancunier. Bavez lui sur les rouleaux (comme dit Chuck Norris) et vous allez vous en repentir jusqu’à la fin de votre existence. Rocard l’a appris à ses dépens : ayant eu le malheur de se voir déjà candidat à la succession du Parrain, ce dernier n’ayant pas la ressource des méthodes chinoises, albanaise ou soviétique d’élimination des n°2 gênants, Mitterrand alla jusqu’à créer ex nihilo le phénomène Tapie avant de le renvoyer à ses carambouilles une fois Rocard tombé sous la barre des 15 %. Si Mitterrand devait être un méchant de Disney, il serait sans aucun doute le professeur Ratigan dans Basile détective, rat d’égout essayant de se faire passer pour une souris et prêt à toutes les vilenies pour parvenir au pouvoir. Mitterrand a donc été élu et même réélu. Mais à quel prix ? Il a infligé des dommages quasiment irréversibles à la France pour plaire aux lobbies dont dépendait son élection. Paris défiguré par les grands travaux de ce Ceaucescu du pauvre qui se pique pourtant d’aimer les belles pierres. La France livrée à la colonisation par le Tiers-Monde par celui qui criait « A bas les métèques ! » en 1935. Le Parti Socialiste, le gouvernement même, transformé en véritable Cisjordanie (c’est-à-dire totalement colonisé par les Juifs) par l’homme décoré de la Francisque et l’ami de René Bousquet. Le nombre de pauvres et de chômeurs croissant de manière exponentielle sous la présidence de celui qui prétendait résorber la pénurie d’emplois. L’homme aux suicides suspects, aux morts de maladie en parfaite santé, aux scandales dignes de la IIIe République par l’homme qui prétendait incarner la morale en politique. L’homme qui cacha tout : son cancer, sa fille, son passé, lui qui se targuait de jouer la transparence. Mais comme le professeur Ratigan, Mitterrand avait une certaine classe, reconnaissant le 8 mai 1995 à Berlin le courage et le patriotisme des soldats allemands quelle que soit « l’idée qui habitait leur uniforme », fustigeant Elkabbach : « Qu’est ce que vous voulez de plus ? Que je me convertisse ? », amnistiant les anciens résistants à la tyrannie gaulliste de l’OAS. C’est toute la différence entre Mitterrand et Chirac, entre Ratigan et Fitget, sa minable et miteuse chauve-souris. Comme Mitterrand, Chirac brade la France, dissimule jusqu’à sa vraie identité, se vautre dans des scandales surpassant ceux de son prédécesseur. Mais sans la moindre classe. Si Mitterrand était une sorte de capo del capi mafieux, tenant d’un certain code d’honneur malgré ses infamies, Chirac, lui, n’est qu’un petit voyou sans foi ni loi. La différence entre les méchants et les cons est que les méchants se reposent parfois. Les cons jamais. Vivement 2007…
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