Sunday, August 13, 2006

Commentaires sur La Passion (Editorial du Libre Arverne n°77 - 08/04/2004)


Le dimanche des Rameaux, je suis allé voir le film « La Passion » réalisé par l’acteur australien Melwin Gibson. Je n’avais plus mis les pieds dans un cinéma depuis six ans lors de la sortie de Titanic. Je n’ai qu’une chose à dire : il faut voir ce film, c’est un devoir de chrétien. C’est une oeuvre d’une immense richesse et d’une spiritualité émouvante. Réalisée selon les critères modernes et s’adressant aussi à un public sans culture religieuse, La Passion nous prend à la gorge sans nous lâcher. Quand on sait que le Christ est mort à cause de nos péchés et que, par amour pour nous, Il a subi un calvaire dont seul le Fils de Dieu pouvait sortir vivant jusqu’à la Croix, on se sent coupable. Coupables, nous le sommes tous. Vous, moi, eux, les Juifs, les Romains, les Gaulois, jusqu’au plus humble des Kikuyus… Tous. En 10 ans de journalisme, j’ai lu des témoignages à faire dresser les cheveux sur la tête de Yul Bryner et à vous faire méditer sur les vertus thérapeutiques du lance-flamme. Mais jamais, je ne dis bien : jamais, je n’ai été aussi retourné que lors de la scène de la flagellation et celle de la crucifixion. J’avais froid de la tête aux pieds, gelé jusqu’à la moelle des os moi qui suis célèbre pour sortir en chemise en plein hiver. A chaque coup de fouet, 117 au total, on sursaute, on repense à tous ses péchés et on se dit : « Bravo, tu es fier de toi pauvre abruti ? Vois comment il souffre par ta faute ». Quand on voit les Romains le clouer à la Croix, on a l’impression de sentir dans ses propres paumes la morsure du fer. Dans ce film, Mel Gibson montre bien que nous sommes tous coupables. Absolument tous. Coupables les Juifs, fils de Sem, qui l’ont condamné à mort. Coupables les Romains, fils de Japhet qui l’ont torturé et méprisé. Coupables les serviteurs noirs de Hérode, fils de Cham qui riaient de le voir enchaîné. Coupable la Synagogue et coupable l’Empire, coupables les Barbares également, incarnés par cette éphémère présence de ce légionnaire romain, mercenaire venu de Germanie qui, trinquant avec ses frères d’armes devant le Christ enchaîné, lance « prosit ! », seul mot du film n’étant ni en latin, ni en araméen. Sauvés, nous pouvons tous l’être, comme le personnage humain qui était le plus émouvant du film, Dismas, le bon larron, deuxième personne à rentrer au Paradis et qui sur la Croix implore la miséricorde, lui dont la vie ne fut que violence et rapines mais qui, à l’ultime instant, se repend sincèrement. Lui, le plus méprisable des hommes élevé par sa rédemption au rang des plus grands. Sauvés comme Marie-Madeleine, l’ancienne prostituée de haut vol sauvée par le Christ de la lapidation et qui, brûlant sa vie de péchés et de vices, mourra dans la sainteté. Sauvé comme Simon le Cyrénéen, qui, réquisitionné par les Romains pour porter la Croix, se montrera d’abord rétif pour ensuite compatir aux souffrances infligées à Notre Seigneur et comme Malchus, le serviteur à l’oreille tranchée qui, guéri miraculeusement par le Christ, comprit enfin. Sauvé aussi comme ce Noir, serviteur du roi Hérode dont le regard rencontrera celui du Christ et dont la conversion immédiate annonce celle de l’Afrique. Sauvés comme le légionnaire Crassus, premier non-juif à se mettre à genoux devant la Croix et le commandant en chef Abenader, qui enlèvera son casque devant la Croix en signe de soumission. Sauvés comme Claudia, la femme de Ponce Pilate qui apportera du linge à la Vierge Marie et bien sûr, sauvés comme Saint Pierre, l’apôtre vindicatif qui au moment crucial reniera trois fois son Seigneur. Damnés, certains le seront… Chacun des personnages mentionnés ci-dessus à son exact négatif dans le film. Damnés comme Gismas, le mauvais larron, qui blasphèmera jusqu’au bout et qui aura les yeux crevés par un corbeau sur la croix. Damnés comme Hérode, semblant tout droit sorti de la Gay Pride avec sa perruque et ses yeux maquillés. Damnés comme Caïphe et Anne, les Pharisiens confis dans leur haine et leur refus du Christ et qui jusqu’au bout persisteront à ne pas comprendre. Damnés comme cette soldatesque romaine, se partageant ses vêtements, l’humiliant, brutes épaisses au cerveau atrophié dont la violence n’est que le seul motif d’exister. Damnés comme Judas, qui, symboliquement, après être devenu fou sous les tourments du démon, ira se pendre avec une corde trouvée sur le cadavre d’un âne. Ce film fait également réfléchir sur des problèmes de sociétés contemporains, preuve absolue que nil novi sub sole… Ponce Pilate par exemple. Averti deux fois par César, disgracié et muté depuis 11 ans dans cette province hostile et éloignée, il incarne la fonction publique. Pilate, ce sont ces élus, ces hauts fonctionnaires, ces catholiques à postes de responsabilités qui refusent de « se mouiller » de peur de compromettre leur carrière. C’est la lâcheté quotidienne devant l’esprit du monde. Pilate est sans nul doute un brave type. Mais il a oublié de devenir un type brave. Il se lava les mains pour les garder propres et pures. Le problème, c’est qu’il n’avait pas de mains… Prenons les Grands Prêtres. Quand le Temple s’écroula comme l’annonçait la prophétie, les Pharisiens ne pensent pas un instant à la réalisation de celle-ci. Le regard de Caïphe est éloquent : ses yeux furètent et sa seule pensée est l’estimation du devis des réparations : «Oï Oï Oï, ça va coûter une fortune !!! ». Les Pharisiens sont les extrémistes Juifs d’hier et d’aujourd’hui : corruption, faux témoignages, mauvaise foi, haine inculquée dès la petite enfance, mépris raciste pour les autres, flatteries intéressées vis-à-vis des puissants, refus d’admettre ses erreurs, ses fautes et ses crimes. Ewige Jude. Le juif éternel. Regardez Caïphe et vous y verrez Elie Wiesel, Lénine, BHL, Sharon, Alexandre Adler ou même tous ceux qui, lançant leur campagne de haine contre ce film prouvèrent qu’ils seraient prêts à le crucifier une seconde fois… Judas, c’est le désespoir de l’homme qui a perdu Dieu. On le voit à quatre pattes ramasser les trente sicles d’argent prix de la livraison de son maître. Mais il rendra l’argent. Le remord. Mais le remord sans la miséricorde de Dieu, c’est la mort. Le démon le tourmentera jusqu’à ce que, désespéré, il aille se pendre. Devant Hérode, Jésus ne prononça pas un mot. Et pour cause : englué dans sa vie de fornication, d’orgies et de beuveries, il ne pouvait tout simplement pas l’entendre. Notre société, celle de la pilule, de l’avortement, des films pornos, de la Gay Pride ne veut pas entendre Jésus. Elle mourra sans lui. En vérité je vous le dis, La Passion est le plus grand film de l’histoire du cinéma. C’est le seul commentaire qui vient aux lèvres quand on en sort. Deo Gratias.

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